Friday, January 11, 2008

"BODY RICE" in TELÉRAMA---------------

PUBLISHED IN TELÉRAMA 19.jan.2008
Excerpts
(...)
Qui seraient aujourd'hui les jeunes illuminés de La Cica­trice intérieure, de Philippe Garrel ? Peut-être bien les zombies trash de Body Rice. En quarante ans, la situation s'est gâtée, le no future des punks est passé par là, suivi par d'autres lames de fond encore moins optimistes. Les adolescents du film sont des délinquants allemands qu'on a envoyés dans le sud du Portugal, où ils sont censés réapprendre la sociabilité. A partir de cette expérience vraie (pratiquée depuis 1980), le jeune réalisateur mixe un trip immobile, volontairement décousu. Une poignée de garçons et de filles autistes, prostrés, avachis, fument, picolent, parfois dansent sur de la techno devant un mur d'enceintes, au milieu de nulle part. Parmi eux se détache Katrin, punkette grande et maigre, qui zone, shoote dans un poisson mort pour le rejeter dans l'eau, marche sans but. Un curieux spécimen, entre le robot et l'animal.Lorsque, par miracle, des mots surgissent, cela fait tout bizarre - surtout d'entendre la langue de Goethe dans ce coin désertique de l'Alentejo. Certains parlent un peu le portugais, comme Dieter (André Hennicke, un comédien allemand qui monte), celui qui encadre (?) les bannis. Mais ce qui se dit n'éclaire pas vraiment la situation, ce sont des échanges minimaux, comme pour vérifier que l'autre n'est pas mort. La musique, voilà ce qui rapproche encore le plus, les bombardements de techno ou ce bon vieux son spartiate des années 80, de Einstürzende Neubauten à Joy Division, en passant par X-Mal Deustchland (...) Ses fragments donnent pourtant une image assez juste de cette « apocalypse au ralenti » conceptualisée par Baudrillard. Quelque chose de terrible mais qui apporte également, contre toute attente, une sorte de paix(...)
Jacques Morice
Télérama, Samedi 19 janvier 2008

0 Comments:

Post a Comment

<< Home