Vers un nouveau Locarno!
(...)Le nombre d'images fabriquées dans le monde pose peu d'interrogations et se contente, économie óblige, de flatter la satisfaction de soi prodiguée pr les réseaux de la publicité.
Les festivals de cinéma par conséquent doivent aussi jouer le rôle de révélateur paradoxal d'un art et ses contenus, faute de quoi leur existence retombe au strict spectacle enjôleur et touristique.
Certains titres de cette 59è édition (Locarno) justifièrent pleinement une présence au bord du Lac Majeur.
Body Rice d'Hugo Vieira da Silva constitue l'une des réusites récentes d'un séptiéme art national exceptionnel dans un système de longs plans-séquences chers à Straub-Huillet offerts au dernier Festival de Cannes par
En avant jeunesse de Pedro Costa qui vide la salle.
Cette foi, il s'agit d'un theme inverse: une jeune délinquante est envoyée au Portugal dans le cadre d'une possible réinsertion sociale.
Elle y rencontre d'autres adolescents privés du goût d'exister; ils sombrent dans la torpeur ou se révoltent par des cris ou des scénes d´extrême sauvagerie.
Le film conduit à l'insulte définitive de la société contemporaine.
Cet appel inconscient à la fin du monde a reçu du jury une mention méritée, car il s'affirme grâce à son architecture narrative d'une exceptionnelle psychologie sousjacente, un indispensable mur de l'expression ainsi que le dit si bien Manuel de Oliveira dans Conversation à Porto avec le romanciére Agustina Bessa-Luis et filmée par Daniel Segne.(...)
Freddy Buache (1)
in ZEUXIS
un magazine de cinemaNº25
(1)
Il est encore au fond, au fond des choses, et toi et moi on est...on est trop vieux... et le... et le cinéma est... va mourir bientôt, très jeune, sans avoir donné tout ce qu'il a pu donner. Alors il faut... il faut aller vite au fond des choses. Il y a...il y a urgence... [...]
Extrait de Lettre à Freddy Buache de Jean-Luc Godard, Editions Demoures, 2001.